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- Partie architectural :
Le
parti architectural de Roger Taillibert, pour concevoir le nouveau
stade du Parc des Princes de 48527 places, a suivi un raisonnement
logique et technique. Il résulte des contraintes du programme,
mais aussi des exigences visuelles, audio-visuelles, de sécurité,
et de fonctionnalité qu’un tel édifice doit avoir,
sans oublier facteur social. En effet, le stade doit permettre,
dans les meilleurs conditions, le phénomène d’identification
du spectateur vis-à-vis des joueurs, mais aussi de permettre
le dialogue entre les spectateurs pendant les arrêts de matches,
soit devant des rediffusions d’image, soit dans les circulations.
La réunion de tous ces facteurs a dicté à l’architecte
la conception de son stade comme une arène romaine à
visibilité totale, avec cette différence que celui-ci
à une couverture. |
Ainsi
la structure porteuse, constituée de 50 portiques en console
en porte-à-faux disposés en ellipse, est la réponse
de l’architecte : il fallait limiter le nombre d’appui à
cause du Boulevard Périphérique et avoir une visibilité
exemplaire, sans poteau gênant. Le basculement de la structure
est une vraie solution architecturale aux contraintes existantes
et non une réponse purement esthétique. Il permet
malgré l’étroitesse du terrain de créer une
circulation extérieure tout autour du stade sans réduire
les tribunes et d’annuler une partie des efforts due au porte-à-faux,
en faisant passer le centre de gravité de l’ensemble de la
console par son appui (massif d’ancrage prenant appui sur le bon
sol). L’évidement et l’amincissement de la console sont les
solutions au problème du poids admissible par le terrain
en craie et surtout par la dalle B.A. de 5,5m couvrant le Périphérique
sur laquelle 16 portiques reposent, mais constituent aussi, un gains
de matière, donc d’argent. |
La
forme variable des consoles (la plus grande, près du petit
axe de l’ellipse, fait L=45,60 et H=34,30m et la plus petite,
dans l’angle du terrain à l’endroit des joints de dilatation,
fait L=32,50m et H=24,90m) a permis la mise en place d’un bandeau
horizontal. Ce bandeau contient une galerie technique destinée
à recevoir les projecteurs éclairant le terrain
lors des matches en nocturnes ainsi que la sonorisation. Cette
galerie permet un entretien facile des projecteurs, étant
donné qu’il y a une circulation piétonne technique
tout du long. On y accède en montant par l’intérieur
de deux consoles (encore une utilité fonctionnelle de l’évidement
des consoles). L’horizontalité de ce bandeau permet aussi
la mise en place d’un chêneau à pente légère
pour la récupération des eaux pluviales ; ces dernières
pouvant être collectées et évacuées
grâce à l’ondulation de la toiture, l’évacuation
des eaux se faisant par contre-pente dans les quatre travées
d’angle. Ainsi 2 évacuations par angles sont passées
dans le vide de la console évitant leur apparence. Ce mouvement
ondulatoire de la toiture est aussi repris par les planchers des
déambulatoires en arrière des tribunes.
Cela
a permis d’insérer les évacuations des eaux usées
dans les planchers sans avoir le problème d’une pente de
tuyaux apparents. Le sens de la pente de la toiture et la forme
du bandeau, qui reprend celle du bas des gradins, donne un maximum
de protection aux spectateurs.
Les
gradins sont inscrits entre deux courbes non homothétiques,
responsables de la variation de la longueur des consoles. La courbe
elliptique du haut des tribunes dépend du site urbain sur
lequel le stade s’inscrit, comme vue précédemment.
Quant à celle du pied des tribunes, elle est le résultat
des dimensions réglementaires des terrains de jeu et des
études sur les principes géométriques de
visibilité. Tout cela étant effectué dans
le souci de mettre un minimum de 50000 places assises dans un
stade dont, comme le souligne Michel Macary, « la situation
géographique n’était pas vraiment propice à
cela ». La structure conique des gradins est définie
par la pente des poutres inclinées les recevant ; inclinaison
découlant des conditions de visibilité et d’emplacement.
Les gradins sont sur 2 niveaux. L’inclinaison des poutres a aussi
déterminé l’inclinaison des béquilles les
supportant, en particulier pour les tribunes hautes qui sont auto-stables
uniquement sur ces béquilles inclinées qui s’appuient
sur le massif d’ancrage. Les joints néoprène, entre
les consoles et la partie haute de la tribune, ne servent pas
de point d’appui, mais juste, de joint de dilatation. Cette dissociation,
entre les consoles et les gradins, a été faite pour
des raisons de sécurité. Les 4 déambulatoires
aux dimensions impressionnantes, en arrière des tribunes,
alimentés par les 25 vomitoires et la réduction
maximum des circulations horizontales entre les escaliers, répond
à une exigence de sécurité. Le temps d’évacuation
du stade est ainsi de 15 min., ce qui est remarquable. Pour en
finir, avec le parti architectural, le bandeau horizontal assure
également le contreventement de l’avant des consoles. Quant
à l’arrière il est assuré par les éléments
de voiles préfabriqués prolongeant, jusqu’au niveau
4, la surface de la toiture.
Cet
édifice est donc d’une grande réussite technique.
Il fut à son époque, pour ses 48527 places assises
et son système d’éclairage entre autres, d’une grande
modernité, et est encore de nos jours un exemple de sécurité
et de convivialité sportive. La façon de le concevoir
a permis à M. Taillibert de proposer une maquette quasi
définitive au bout de 4 mois, ce qui est remarquable pour
un projet d’une telle ampleur. Pour simple comparaison, le prix
de la place pour la totalité des travaux, a été
de 1800F, ce qui est tout à fait honorable.
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2
- Equipements et Aménagements :
En
fonction du nombre de spectateurs attendus, le stade a été
conçu en deux niveaux séparés, parfaitement
indépendants, qui permettent d'accueillir 23000 et 27000
spectateurs. |
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